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ARTICLES, ENTRETIENS ET INTERVIEWS SUR LA CULTURE BERBERE

18 Jul

Entretien avec Brahim Bentaleb le psycho-educateur, poète et militant de la cause Berbère

Publié par ahcene mariche

Entretien avec Brahim Bentaleb le psycho-educateur, poète et    militant de la cause Berbère




Psycho-Educateur de formation, chercheur de passion dans la langue berbère et


poète aussi.


Il a fait partie du groupe d’étudiants à voir étudié chez Mouloud Mammeri à


l’université d’Alger les années soixante dix, était aussi le copain du grand dramaturge


Mohia et militant de première heure avec l’académie Berbère.


Brahim BEN TALEB, puisque c’est de lui qu’il s’agit, il est natif de Tikichourt aux


Ouacif à Tizi Ouzou, il s’est abreuvé de plusieurs sources de notre culture et langue


amazighes.


Rencontré lors de la vente dédicace de son dictionnaire à la maison de la culture


Mouloud Mammeri et a accepté de répondre à nos questions.


1-Pouvez-vous nous parler de votre parcours culturel avec la cause amazighe ?


Qui dit cause dit amour et considération pour ce pays libéré par des hommes dignes


de porter le nom Amazigh. Malheureusement, depuis cette indépendance la situation


ne s’est guère améliorée, au point où nous nous sentions étranger chez soi.


Heureusement que nos hommes avertis, voir nos pédagogues comme Mouloud


FERAOUN, Bessaoud Mohand ARAB puis par la suite KATEB Yacine…nous avaient


ouverts bien les yeux sur le devenir de notre pays et de sa culture en écrivant


respectueusement dans « Le JournaL… l’ennemi de demain sera pire que celui


d’aujourd’hui » ou « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu » et enfin « si je suis


arabe pourquoi m’arabiser ? » et bien d’autres œuvres nationales et étrangères qui


étaient mes livres de chevet malgré leur interdiction. Alors hier, j’avais refusé d’être


français de la Gaulle, aujourd’hui, je refuse d’être l’arabe de l’Arabie. Je suis amazigh


et fier de l’être. Donc la cause amazighe, c’est la raison même de mon existence. Ce


n’est pas une cause involontaire ou innocente qui mène au malheur. D’où


Tamazighte: c’est ma patrie, ma mère, ma langue ou salut d’un homme libre.


2-Vous avez occupé plusieurs postes de travail un peu partout en Algérie et ça vous


a aidé certainement dans vos projets culturels et littéraires ?


C’est sûr, puisque c’est grâce à toutes mes relations humaines (entretiens,


conférences et causeries) …que j’avais échangées avec mes collaborateurs,


partenaires rencontrés à travers tout le territoire national, en dehors et en dedans


des établissements où j’avais travaillé. Avec tout ce beau monde j’ai partagé mes


peines et mes joies professionnelles, sociales et culturelles. Entre nous associés,


nous nous comprenions, apprécions et apprenions ce que chacun chacune de nous a


de différent mais complémentaire. Cette variété, diversité c’est notre richesse.


3-Vu la situation dans baignait notre pays, même si la volonté, le courage et la


passion étaient tels, vous n’avez pas pu tout donner.


- Il n’y a que les choses ou les objets qui ne donnent que ceux qu’ils ont. Mais les


humains n’ont pas de limite. Chaque minute, jour ou année, l’homme produit


quelque chose de bien ou de mal. Nous donnons ce que nous accumulons puis ainsi


de suite jusqu’à la fin de la vie.


4- Parler nous de vos premiers pas dans la publication ?


Depuis mon jeune âge, quand je lisais les classiques français, à commencer par Jean


de La Fontaine, comparativement faite à nos contes, je ne sentais pas une


quelconque infériorité de ma culture Tamazighte. Bien au contraire, à chaque fois


que je raconte l’histoire du jour d’étude à mes parents, ces derniers me raconter de


plus belles. Mais celui qui m’a entraîné et fait aimer la langue française c’est «


Fouroulou » Fils du pauvre de M. Feraoun. Puis vint les poèmes de si Muhand U


Mhend à cette époque, j’étais lycéen à Dellys. De là, j’ai commencé à composer des


poèmes de jeunesse et à écrire des petits récits de la vie en Kabylie sur la guerre et


l’après guerre d’Algérie.


La première publication, c’est la revue « Taftilt » à la cité universitaire de Ben


Aknoun. La seconde fut en 1970, la diffusion de mes poèmes dans le bulletin «


Agraw Imazighen » de l’ABERC…etc.


Les thèmes abordés dans mes livres sont :


1-Timsal = (La sagesse (relations humaines)


2-Akala n ufaris = (Processus de production textile (coton)


3-Tajeŗŗumt n tmazγt = (Grammaire berbère en chantant


4-Amawal n tmaziγt tafŗansist = Dictionnaire Français –Tamazight


1 er - « Timsal » - sagesse.


Dans un monde où la médiocrité gouverne, les hommes sont pitoyables. Ils sont


mécontents de leur état et de leur entourage. Malheureusement, chez nous la


majorité d’entre eux est inculte ou intellectuellement bornée.


Etant psycho- éducateur retraité, après plus d’une trentaine d’années de travail en


milieu socioprofessionnel, j’avais appris et pris l’habitude d’offrir mon écoute


bienveillante et désintéressée.


Alors, une idée philosophique me vient à l’esprit et me dit :


1-Comment pourrais-je aider un tant soi peu ces personnes hésitantes à dépasser


leurs obstacles (problèmes) qui entravent leur vie ?


2- ou comment raviver en eux la flamme vacillante du courage et de la


détermination, afin de franchir le pas qui mène des ténèbres à la joie ?


La réponse est malaisée puisque dans ce genre de société, l’homme vaut ce que vaut


son poste de travail ou ce qu’il a en bourse. Donc, la parole ne suffira pas.


D’ailleurs un proverbe le dit bien : « à ventre creux n’a pas d’oreille ». Mais


heureusement, une idée du philosophe Auguste Leconte arrive à point et dit : qu’il


faut « savoir pour prévoir, afin de pouvoir ».


Maintenant allons puiser dans nos coffres (nos vieux et vielles) mémoire collective


fascinante et riche de notre société berbère. Comment nos ancêtres réfléchissaient à


tous les comportements et situations difficiles ? C’est ce que j’appelle la sagesse du


terroir. Ici, elle est représentée par l’assemblée du village où l’école de la sagesse.


Dans ce dépliant, il y a 62 citations traitant presque autant de thèmes. Je cite entre


autres : l’éducation, la jeunesse, le choix du mariage, la richesse, la vantardise, le


chômage, la politique - - -


Ainsi Timsal, nous aident à comprendre les clés d’une bonne conduite dans la vie.


La 2éme édition sera un petit livre de poche de 80 pages en préparation et en


trilingue (kabyle, français- arabe)


2 éme « Akala n ufaris » le processus de fabrication textile (coton).


Des anthropologues et autres spécialistes des sciences de l’homme et de la nature


arrivent à dater des dessins rupestres ; des momies et voir autres os d’animaux


disparus il y a des millions d’années.


Personnellement je serai ravi d’apprendre à quel âge remonte l’invention du


couscous ou du Burnous ?


Mais que l’on ne vienne surtout pas me raconter que l’un comme l’autre étaient


importés de Grèce ou de Rome ! Parce que une légende africaine de chez-nous et


d’après ma chère mère (aujourd’hui âgée de plus de 90 dit par exemple que : le


métier à tisser est un visage d’ange


Ainsi donc : la figure = c’est le métier à tisser,


l’oreille = c’est l’étireur,


le nez = c’est l’ensouple,


les dents = c’est la carde à petites dents,


la langue = c’est la peignée du tisserand,


la parole = c’est le produit fabriqué (burnous-couverture-écharpe…)


Quant à l’âme = elle est entre les mains de Dieu.


Dans cette brochure, il s’agit d’une description du processus de fabrication du textile,


allant du coton végétal à la production du fil puis du tissu brut ou fini (avec teinture).


Les différentes étapes ou opérations sont décrites en tamazight, dont je n’ai ni


rajouté ni créé des mots pour traduire fidèlement le processus de fabrication.


Ceci prouve que nous avons un vocabulaire correspond aux objets et autres activités


employés. Il est suivi d’un lexique fonctionnel bilingue de 310 mots.


Maintenant pourquoi ai-je parlé de métier à tisser ?


Parce que tout simplement, je pense que quand on boit l’eau d’une source, on ne


doit pas oublier celui ou celle qui la découverte, construite ou aménagée.


Dans d’autres cieux où les hommes ont compris avant l’heure, la valeur et le sens du


verbe « Iqra » ont misé sur l’art, la science, la technologie … pour étudier, veiller et


travailler au point où ils ne disposaient même pas d’un petit temps pour se raser.


Résultat : Ils inventèrent la roue et le roulement. Aujourd’hui, ils fabriquent des


tissus anti- stress et ils nous habillent en friperie.


3éme « Tajeŗŗumt n tamazight s ccna » ou bien la grammaire berbère en chantant.


Comment faire apprendre la langue Tamazight efficacement et facilement ?


Ce jour-là, une devise chère aux pédagogues me trottait dans la tête et me dit :


« Il faut aller chercher les enfants là où ils se trouvent, aussi loin soient-ils ».


Aussitôt, j’ai reformulé cette pensée en disant : Qu’il faut deviner chez l’enfant ce


qu’il aime et le lui apporter. Et j’ai trouvé que c’était le jeu et le chant.


D’où le titre « Tajeŗŗumt n tamazight s ccna » ou bien « la grammaire berbère en


chantant. »


Comme son titre l’indique, ce petit ouvrage est la mise en poèmes de toutes les


règles possible de la grammaire berbère apprise auprès de mon professeur M.


Mammeri.


Donc, il est composé d’une part de poèmes donnant l’air d’une énigme et d’autre


part pour aider la mémoire à bien retenir les leçons (poèmes) , tous les vers de cette


poésie sont rimés.


Prenons l’exemple des prépositions dont tamazight a 35. La leçon est un poème qui


se compose de trois couplets dont le premier en compte 11 prépositions que voici :


Nnig – sennig - zdeffir


Amzun – am - deffir


Si - daxel – ddam - tama


… etc.


Tamazight : comme toute langue, il n’y a que l’handicapé mental qui ne pourrait pas


l’apprendre. (Publié à compte d’auteur)


3ème édition en attente d’un éventuel éditeur.


5- Récemment aussi, vous avez édité puis réédité un dictionnaire qui regroupe tous


les dialectes berbères au bonheur de Tamazight et qui vous a pris plus de 40 ans de


recherches.


« Amawal n Tmaziγt - Tafŗansist… » =Dictionnaire Français –berbère


Tutlayt d agerruj azduklan i waggad arkw iţ iţmeslayen.


La langue est un trésor réunificateur pour tous ceux qui la pratiquent.


Amawal : am usafar n zzit ou un Dictionnaire : tel un médicament à base d’huile. Niγ


d lemri di yal axxam, ilaq ad yilli = ou bien un miroir dans chaque maison,laquelle


doit en posséder.


Par définition un lexique est un dictionnaire bilingue. C'est-à-dire un inventaire et un


classement de mots de deux langues. (Ici tamazight et le français).


Tamazight comme toute langue est un document historique. C’est une source


inépuisable de documents sur la société qui la parle, sur son histoire et sa


préhistoire.


Elle est un trésor commun à tous ceux qui la pratiquent, la défendent et la


développent.


Mais comment la transmettre à nos enfants ? Si ce n’est par le plaisir de la lecture.


Entendons nous bien, que le livre est le meilleur moyen pédagogique, de recherche


et de loisir.


Considérant nos régions morcelées linguistiquement (treize parlers imazighen), j’ai


essayé de faire de ce livre de (40 000) mots, une langue d’union de Tamazight. Mais


au cours de mes travaux, j’ai ressenti le besoin d’une notation précise de tous les


sons du langage. Parce que Tamazight a plus de cinquante sons et chaque son y est


représenté par un seul signe graphique, lequel signe correspond à un son simple et


toujours le même.


L’avantage des sons c’est que plus on en a, plus il est facile à nous d’apprendre les


autres langues étrangères.


Sachant que chaque dictionnaire a ses limites, dans celui-ci, ce sont les fréquences


élevées des mots d’emprunt et des mots polysémiques. D’où, il y a forcément de


l’ambiguïté et de la faiblesse de la langue. Pour y remédier, j’ai essayé d’être plus


précis dans les définitions ou équivalences des mots confrontés et en tenant compte


du degré de technicité du lecteur.


Quant aux couleurs bleue- verte- jaune du livre, ce sont non seulement celles de


l’Afrique du nord mais du globe terrestre, auquel il est destiné. Scellé par le (z)


Amazigh du Tifinagh qui, comme un arbre avec ses branches, son tronc et ses


racines, représente le dogme de la vie et de la mort.


Voici donc ma production mes frères amis K. Alberto des Iles Canaries, A. Azru de


Ghadames Libye et à vous autres compatriotes d'Algérie. Sans oublier Ichelhiyen,


Irifaniyen et Imazighen du Maroc chacun avec son nom.


D'autres manuscrits en Tamazight et en français sont dans des tiroirs des éditeurs et


des miens en attendant que de bonnes portes d'édition s'ouvrent.


6- vous avez soulevé un sérieux problème sur la transcription et la phonétique


Amazighes, vous avez ajouté quelques lettres qui manquaient.


Pouvez-vous éclairer nos lecteurs sur cette question ?


Bien que j’ai pu recueillir plus de 40 000 mots, je n’ai pas terminé de rassembler tout


le patrimoine Amazigh pour sauver la langue de la disparition et pour son


développement. Il existe plus de vingt sept 27 parlers Amazighs en Afrique. Je n’ai


travaillé que sur une dizaine.


Mais avant d’écrire un mot, il faudrait d’abord le former, le produire, le prononcer


mais comment ? Si ce n’est qu’en faisant fonctionner tout un ensemble d’organes


humains que compte tout appareil phonatoire normal, tels que les lèvres- pharynx-


larynx- Glotte cordes vocales- (15)


D’où, comme je l’ai dit plus haut, plus on a de sons plus on a de lettres


alphabétiques et mieux on apprendra là où les langues parlées ou écrites dans le


monde. Parce qu’un alphabet est comme un plumier d’écolier ou une boite à outils


d’un ouvrier : Plus on a des outils différents, mieux on peut faire son travail.


Grâce à nos ancêtres qui donnaient des noms à des objets, choses et autres,


auxquels il faut ajouter tous les mots empruntés, notre langue s’est enrichie. Du


Tifinagh composé de 22 lettres ou sons à l’origine, grâce à l’ABERC , il est porté à 37


caractères. Quant à l’A.P.I ou l’alphabet de M. Mammeri, il en a 43 Lettres. Ayant la


chance de sillonner mon pays et pays voisins et à l’aide d’une assez bonne


documentation, j’ai pu recenser quelques autres phonèmes dont les mots ne


pouvaient pas être transcrits avec les lettres existantes jusqu’ici.


Aussi il faut rappeler que mes professeurs de psychologie Mme Boulanger et de la


littérature berbère Mr Mouloud Mammeri, m’avaient appris respectivement :


1er : « Qu’une langue d’une manière générale, a tout intérêt à rapprocher son


orthographe de sa prononciation réelle ».


2éme « Et qu’il vaut mieux simplifier les choses difficiles que de compliquer les


choses faciles ».


7- Quel constat faites-vous sur Tamazight depuis son enseignement à l’école


algérienne ?


Malgré tous les problèmes que les auteurs amazighs rencontrent dans leur travail et


sur tous les plans (culturel, financier…) etc, Tamazighte avance et se répand dans


toute Tamazgha. Personnellement, je suis satisfait du travail qui se fait aussi bien sur


le plan technique que pédagogique (contenu – contenant) produits par les


enseignants, écrivains, poètes extra muros. Des bonnes volontés existent, variées,


travaillent, produisent en attendant que chaque spécialiste et spécialité


professionnelle se mettent de la partie. Beaucoup de langues dites internationales


n’ont même pas inventé une allumette et aujourd’hui ? elles sont sur l’Internet et


comment ? Avec quelle technique ? Sur le plan politique, notre pays dit « musulman


» semble ignoré le premier mot de l’islam, à savoir « Iqra » à moins qu’il n’ait aucune


considération pour l’enseignement de Tamazighte. Laquelle n’est pas dans sa


politique idéologique bien au contraire, elle préfère celle de l’arabo-islamo-


baathisme- socialiste...


Dommage que nos politiciens et gouverneurs ne comprennent pas Lounis Aït


Menguellat : sinon je leur dédie la chanson : « nezra » nous savons : « Lasel-ik izgel-


ik - Win tebghid yugi-k - Mmel-iyi-d wik illan » Autrement dit : Ton origine t’a raté –


Ton élu te rejette- Dis moi donc qui tu es ?


8- En tant que poète et lecteur de tout ce qui s’édite en tamazight, pouvez nous


donner votre opinion sur ce qui s’édite en tamazight


D’abord, il existe certes des maisons d’éditions publiques et Étatiques, mais leurs


portes-forteresses semblent infranchissables. Alors jusqu’au jour d’aujourd’hui, je


publie à compte d’auteur. Mes œuvres sont éditées chez des imprimeurs, lesquels


sont portés sur des travaux à caractère publicitaire. Ce qui fait que la programmation


d’un petit ouvrage peut être porté et reporté aux calandres grecs. Tandis qu’avec


une maison d’édition, qui accepte d’éditer, il faudrait accepter ses conditions


commerciales et surtout financières. Pour cela un contrat en bonne et dû forme doit


être rédigé et signé. Car de nos jours, la parole donnée s’est du pipeau. Compte aux


contenus des éditions en Tamazighte, au stade actuel des choses et aux vues des


difficultés citées plus haut, nous nous contentons des œuvres publiées déjà et ce


même si les sujets, thèmes traitent presque de la même chose (poésies, contes,


romans, technique rarement…). Quant à la transcription, dans l’ensemble, la majorité


des utilisateurs tend à se rapprocher en employant la grammaire de M. Mammeri


avec quelques propositions de l’INALCO. Reste à la qualité de ces travaux, le temps


fera la décantation.


9- Vos projets d’éditions qui sont nombreux en tant que poète et chercheur aussi ?


Effectivement, des projets il y en a, en Tamazighte et en français. Car, qui n’a pas de


projet n’a qu’à creuser sa tombe. J’ai déjà déposé quatre ouvrages chez des éditeurs,


lesquels m’avaient promis leur publication avant le 20 avril 2013 . Résultat : aucun


n’est sorti. Parmi ces livres, il y a de la poésie, des livres : de jeux, des essais de


livres techniques ( assurance ) et sociaux professionnels ( syndicat ) et enfin des


recueils de différents domaines.


10- Quel est votre souhait ou message à faire passer pour tous les berbères du


monde aujourd’hui ?


A tous mes frères et sœurs Imazighen, je ne voudrais pas rentrer dans la discussion


doctrinale même si la situation nous y oblige. Je vœux seulement dire, nous n’avons


rien à reprocher à notre culture ( langue ) ni à nos ancêtres qui nous l’avaient


léguée. Tamazighte est un nom de patrie, de mère, de l’identité, de langue, de


liberté et de dignité. Les notions à la mode de par le monde relatives à la libération


de la femme ou l’instauration de la démocratie…, le monde Amazigh n’a pas de


leçons à recevoir, mais plutôt il peut en donner. Et puis, quel est ce pays au monde


comme le nôtre, qui a subi autant d’invasions au nom de x ou de Y pour le coloniser


? Et malgré tout cela, il est toujours debout, vivant. Notre position géographique de


montagnards, n’est pas un fait de hasard ni une cause volontaire ou innocence, mais


c’est pour fuir l’ennemi et sauver notre identité. Pour cela, n’ayez pas honte ni


complexe d’infériorité d’être en retard sur la technique, technologie et autres


sciences dans tous ses domaines. Parce que deux boxeurs ne montent sur le ring


que s’ils ont le même poids. D’où, les descendants de vos envahisseurs, avant de


nous vanter leur avance technique, scientifique… n’ont qu’à reconnaître d’abord leur


colonisation et ses méfaits. Lorsque nos ancêtres faisaient de leurs filles des reines,


d’autres peuples brûlaient ou enterraient leurs filles vivantes. Ou bien encore, quand


nos ancêtres se nourrissaient de blé (couscous), les leurs broutaient de l’herbe.


Pourtant, la science leur a bien appris qu’un être humain ne se diffère que d’un


animal, chose ou objet. A la naissance, nous avons les mêmes capacités morales,


physiques et intellectuelles, c’est seulement le milieu familial, social, territorial … qui


nous diffère. Sinon mettons, donnons les mêmes moyens, les mêmes conditions de


vie et d’études à nos jeunes Imazighen, ces derniers présenteraient leur bac avant


les leurs et dans leur propre langue de « civilisation ». Dernier mot : Parlons notre


langue là où nous nous trouverons et n’utilisons la langue étrangère que dans notre


intérêt. Car l’interprétariat de nos jours se paie. D’autre part, comment pourrions-


nous avoir confiance en la personne qui renie ses origines ? Ou avoir de l’amitié pour


celui qui ne fait pas d’effort à apprendre notre langue ? Est ce un mépris ou une


incapacité ? Enfin, mon message pour mes frères, c’est de ne pas renier ses origines


et d’aller de l’avant. Autrement dit : « ttef–et deg Izuran , telhum ar zdat. » Tenez à


vos racines et allez –y de l’avant. Enfin, comme on dit chez nous : « Si c’est bon,


temps mieux. Si j’ai fauté, pardonnez-moi.»


Entretien réalisé par Ahcene MARICHE

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